Manifestation organisée tous les 2 ans
par l'Association des Psychologues de l'Éducation Nationale de la Vienne (ADPEN-86)
en partenariat avec l'Université de Poitiers

Apprentissage de la lecture et dyslexie développementale

Liliane SPRENGER-CHAROLLES
juin 2006
Directeur de Recherche au CNRS
Linguiste et Psycholinguiste et Université René Descartes, Paris 5





Rencontres Poitevines de Psychologie Scolaire (6ème édition)
Intervenant(s) : Lilianne Sprenger-Charolles.
Date de publication : 23/06/2006
1ère partie : conférence - durée : 01h 15min 32s
2ème partie : questions / réponses - durée : 00h 06min 21s

Données à l’appui d’une nouvelle explication de l’apprentissage de la lecture et de la dyslexie développementale (Liliane Sprenger-Charolles et Pascale Colé, CNRS et Université de Savoie, Chambéry, Professeur des Universités Psychologie Cognitive)

L’apprenti-lecteur doit progressivement maîtriser, comme le lecteur expert, des procédures d’identification des mots écrits très rapides et fortement indépendantes du contexte. C’est le développement de ce type de compétence qui devrait lui permettre d’atteindre un niveau de compréhension écrite égal à celui de sa compréhension orale, en le dégageant du poids d’un décodage lent et laborieux, ou du recours à des anticipations contextuelles hasardeuses, et c’est ce type de compétence que l’enfant dyslexique n’arrive pas à maîtriser. L'argument principal à l'appui de la nouvelle explication proposée (cf. Sprenger-Charolles et Colé, 2003) est que la consistance des relations grapho-phonémiques a un rôle déterminant dans l’apprentissage de la lecture dans un système d’écriture alphabétique. Ainsi la réussite, tout comme les échecs spécifiques de cet apprentissage, dépendrait de la force des associations qui peuvent se créer entre graphèmes et phonèmes, en fonction de la langue et de la qualité des catégories phonémiques de l’apprenti-lecteur. Ce point permet d’expliquer pourquoi les enfants espagnols apprennent plus vite à lire que les petits français qui eux-mêmes apprennent plus vite que les petits anglais. Il permet également de comprendre le retard de l’écriture sur la lecture, conséquence de l’asymétrie des relations graphème-phonème et phonème-graphème, les premières étant plus consistantes que les secondes. Il permet aussi de rendre compte du fait qu’on trouve des dyslexiques, même en espagnol. En effet, l’enfant qui apprend à lire dans une écriture alphabétique ­ quelle qu’elle soit ­ et qui ne s’est pas construit des catégories précises pour chacun des phonèmes de sa langue, va difficilement pouvoir relier les graphèmes aux phonèmes correspondants, ce qui semble être le cas des dyslexiques.
L’exposé présentera un modèle qui permet de rendre compte de l’apprentissage de la lecture et de la dyslexie dans des écritures alphabétiques, ainsi que les principaux résultats à l’appui de ce modèle (cf.. Sprenger-Charolles, Colé, & Serniclaes, in press). Les implications, en particulier pour le dépistage et le diagnostic des difficultés sévères d'apprentissage de la lecture, seront envisagées.

PUBLICATIONS
Sprenger-Charolles, L. & Colé, P., & Serniclaes, W. (2003). Lecture et Dyslexie : Approches cognitives (Reading and Dyslexia: Cognitive Approaches). Paris, Dunod, 2003

Sprenger-Charolles, L., Colé, P., & Serniclaes, W. (in press). Reading acquisition and Developmental dyslexia : Insights from studies conducted in different orthographies. Psychology Press (Developmental Essays).
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