Manifestation organisée tous les 2 ans
par l'Association des Psychologues de l'Éducation Nationale de la Vienne (ADPEN-86)
en partenariat avec l'Université de Poitiers

Les Troubles Spécifiques du Développement du langage : le cas de l'enfant dysphasique

Marie Thérèse LE NORMAND
juin 2006
Directeur de Recherche à L'Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM)
Service de neurologie pédiatrique et des maladies métaboliques (Pr Evrard)
Service d'audio-phonologie à l'hôpital Robert-Debré (Pr Van der Abbele)

SON PROGRAMME DE RECHERCHE ACTUEL
Le programme de recherche porte sur l’aspect développemental des compétences langagières chez l'enfant, ses relations avec la maturation cérébrale et les réorganisations fonctionnelles possibles des fonctions en cas de troubles neurodéveloppementaux cognitifs (dysphasie, dyslexie), de dysfonctionnement cérébraux (épilepsies temporales), de privation sensorielle précoce temporaire (surdité congénitale ou évolutive et implant cochléaire) et d'anomalies génétiques rares (syndrome de Bardet-Biedl, syndrome Smith-Magentis...)
L’observation des retards et pathologies spécifiques du langage et des apprentissages (quelle qu'en soit l'origine, génétique ou accidentelle) permet de mieux comprendre les différentes composantes de l'acquisition normal du langage chez l'enfant.

RESUME DE SON INTERVENTION
Les Troubles Spécifiques du Développement du langage constituent un trouble sévère et persistant du langage qui se manifeste en l'absence de tout autre déficit connu (auditif, intellectuel, malformation des organes phonatoires, lésion cérébrale acquise, carence affective ou éducative et trouble envahissant du développement (Rapin & Allen 1983, Leonard 1998). Chez l’enfant atteint de dysphasie, le langage se développe beaucoup plus lentement que chez les enfants normaux ; à l'âge de 9 ans ou plus, ils ont encore souvent un retard notable par rapport aux enfants normaux de 3 ou 4 ans, s'agissant même de propriétés fondamentales de la langue qu'ils sont en train d'acquérir. Leurs troubles de langage sont tels que les apprentissages scolaires (lecture et orthographe) peuvent devenir très difficiles. En conséquence, ces enfants suivent difficilement une scolarité normale, ils sont souvent en situation d'échec scolaire, et ceci diminue bien évidemment leurs chances futures d'insertion dans la vie professionnelle. D'étiologie présumée génétique (Rice, Haney & Wexler 1998), cette pathologie touche 7.4% des enfants entre 5 et 7 ans (Tomblin et al., 1998) et constitue donc un handicap pour l'adaptation sociale de cette population d'enfants. En dépit des progrès accomplis dans les Sciences du langage et les Neurosciences cognitives de l'enfant, les résultats des principaux travaux concernant la nature et l'origine du déficit font encore l’objet de beaucoup de débats qui seront présentés au cours de l'intervention.
Nous présenterons particulièrement les modèles neurocognitifs développementaux sous-tendant les mécanismes de perception, de compréhension et de production de la parole et du langage. Nous analyserons des données d'enfants dysphasiques au cours de suivis longitudinaux en montrant des hétérochronies de développement dans les différentes composantes linguistiques (prosodie, phonologie, lexique, syntaxe) et nous discuterons de l'évolution de ces profils en mettant l'accent sur la nécessité du dépistage, de l'évaluation et de la prise en charge précoce.
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