Manifestation organisée tous les 2 ans
par l'Association des Psychologues de l'Éducation Nationale de la Vienne (ADPEN-86)
en partenariat avec l'Université de Poitiers

Malaise dans la post-modernité

Eric BORDAS
Juin 2008
Psychologue de l’Education nationale
Psychologue clinicien

Aujourd’hui, le psychologue scolaire accueille des demandes dont les signifiants s’articulent en écho à ceux d’une époque qualifiée de post-moderne , voire d’hypermoderne où domine selon les auteurs « la culture du narcissisme » , l’imposition de la jouissance à tout prix , une forme de nouvelle de servitude de l’homme organisée autour d’un processus de désymbolisation et l’appel à des processus de clivage intensifs pour faire face à la dégradation de la fonction de l’intime. Marcela Lacub dénonce quant à elle, une législation qui se comporte en « voleuse d’humanité » .

Cette évolution sociale se caractérise par la prise de pouvoir du discours de la science dont nous percevons au quotidien les effets dans la manière de penser et considérer l’enfant en difficulté à l’école selon une nouvelle terminologie : il est devenu hyperactif avec des troubles attentionnels, dyslexique, dyscalculique, dysphasique, handicapé etc…et tout récemment susceptible de « trouble oppositionnel avec provocation » à dépister dès l’age de 36 mois !
Voilà qui justifie de manière tautologique une médicalisation de la difficulté scolaire . La génétique et la neurobiologie sont elles-mêmes récupérées pour fonder une imposture qui justifie le passage d’une éthique du sujet de l’inconscient à celle du sujet cérébral , véritable processus de désubjectivation de l’humain.

Ce discours de la science, celui qui ne se tient que d’une logique comptable et plutôt statistique, c’est celui qui nous impose des politiques d’évaluation gouvernées par la logique du nombre, de la rentabilité, de l’efficacité, logique qui tend à faire de l’éducation un marché et à dévaloriser et disqualifier les pratiques de la parole. Dans ce contexte là, rencontrer enfants, parents et enseignants nous confronte au risque de soutenir une politique de normalisation à vocation de contrôle social .

Il s’agirait donc pour nous, lors de ce congrès, d’examiner cette situation afin de mieux en repérer les réalités et les enjeux ; cela nous offrirait une possibilité de résistance argumentée pour justifier une pratique qui s’honore de faire le choix du sujet.
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