Manifestation organisée tous les 2 ans
par l'Association des Psychologues de l'Éducation Nationale de la Vienne (ADPEN-86)
en partenariat avec l'Université de Poitiers

Trauma et école : conséquences psychopathologiques pour les élèves confrontés à la mort (ou une menace vitale) à l’école et éléments de réponse

Gilbert VILA

juin 2006
Pédopsychiatre - Accueil et soin de jeunes victimes -Consultation du psychotraumatisme - Service des Urgences pédiatriques - Hôpital pour enfants Armand Trousseau, Paris.


Rencontres Poitevines de Psychologie Scolaire (6ème édition) - Trauma et école
Intervenant(s) : Gilbert Vila.
Date de publication : 22/06/2006
Durée : 01h 14min 44s

L’école, lieu de savoir n’est pas un sanctuaire face à la violence. Elle peut prendre de multiples formes, parfois spectaculaire et abondamment relayée par l’actualité. La mort d’un élève ou d’un adulte lié à l’école, par exemple par suicide, en est l’une des expressions majeures. Dans certains cas, il s’agit d’une menace de mort ou d’une atteinte grave à l’intégrité physique. Ces événements représentent potentiellement un traumatisme psychique pour les personnes, donc une source de difficultés psychopathologiques ultérieures, et une crise pour l’institution. Ils nécessitent la connaissance des risques psychologiques par les professionnels de l’éducation et une réflexion sur les conduites à tenir en milieu scolaire, mais aussi une orientation adaptée des enfants et adultes repérés en difficulté.

Les conséquences du Trauma sur l’enfant :

Il est essentiel de rappeler que des troubles survenant dans l’enfance ont une double gravité : par leur retentissement immédiat, la souffrance et le handicap fonctionnel dont ils sont responsables à court et moyen terme chez les jeunes victimes – et leur entourage – mais aussi par l’hypothèque qu’ils représentent à long terme sur le développement potentiel du sujet et l’équilibre de l’adulte à venir. Les troubles les plus fréquents seraient l’état de stress post-traumatique, la dépression, le suicide, les troubles du comportement et les faibles réussites académiques. L’état de stress post-traumatique (ESPT) est la principale conséquence psychopathologique résultant de l’exposition à un événement majeur, tels ceux menaçant la vie ou l’intégrité du sujet ou ceux où il est spectateur de la mort d’autrui. Les connaissances pour l'enfant ont beaucoup progressé ces dernières années, en particulier sur le plan clinique (Vila, 1998). On sait maintenant que les états de stress post-traumatiques existent chez l'enfant, voire le très jeune enfant, et qu'ils ne reflètent pas la carence parentale mais bien, comme chez l’adulte, les conséquences de l’exposition à un événement catastrophique, indispensable à ce diagnostic. Ils prédisposent à la survenue d’autres troubles aggravant ainsi le pronostic. Ils sont nettement plus fréquents qu'on ne le croyait. Après un événement donné, on a pu montrer que deux tiers des enfants exposés pouvaient présenter ce type de troubles dans les mois suivants (1-2).
On sait aussi que les traumas dans l’enfance favorisent l’installation de troubles de la personnalité de l’adulte et de troubles graves tels que les addictions. Il est essentiel de désamorcer précocement ces enchaînements en cascade et leurs conséquences psychopathologiques et psychosociales redoutables et durables, engageant le pronostic fonctionnel et vital. Le plus préoccupant est donc que des traitements soient mal conduits et découragent les patients de demander de l’aide et que de nombreuses victimes échappent à tout traitement, peut être les plus gravement perturbées. L’accent doit donc être mis sur l’accueil des jeunes victimes et de leur famille et sur les conditions devant entourer toute thérapie, en insistant sur l’alliance thérapeutique.

L’évitement est l’une des caractéristiques principales des syndromes psychotraumatiques et constitue une des composantes majeures du handicap. Les patients souffrent chaque fois qu’ils évoquent le souvenir du trauma, souffrent de l’envahissement par les images et sensations de l’événement et donc cherchent, autant que possible, à ne pas souffrir en évitant de se trouver confrontés à ce qui les ramène à ces souvenirs et réactive l’envahissement et l’angoisse liée. Ils évitent très souvent d’en parler, donc ne consultent pas et n’envisagent pas de thérapie, ou ils l’interrompent après l’avoir commencée (échappement). De cette constatation fréquente est venue l’idée qu’il fallait intervenir le plus tôt possible (éventuellement au cours d’interventions de crise), aider les victimes à envisager une aide, et précéder la survenue des troubles les plus sévères pour être plus efficace et ne pas se heurter à un évitement trop fermé et rebelle à toute approche.

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G. Vila développera les modalités d’interventions auprès d’un groupe d’enfants après un traumatisme collectif ainsi que les conduites à tenir lorsqu’on reçoit un enfant après un traumatisme psychique et les stratégies thérapeutiques qu’il est possible de mettre en place.

PUBLICATIONS

1. Vila G, Porche L.M., Mouren-Simeoni M.C. - L'enfant victime d'agression. Masson, Paris, 1998.

2. Vila G, Porche L.M., Mouren-Simeoni M.C. - An 18-month longitudinal study of post-traumatic disorders in children who were taken hostages in their school. Psychosomatic Medicine, 1999, 61, 746-754.

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