Manifestation organisée tous les 2 ans
par l'Association des Psychologues de l'Éducation Nationale de la Vienne (ADPEN-86)
en partenariat avec l'Université de Poitiers

Un élément de réflexion sur les remédiations de la dyslexie : l’hypothèse morphologique

Pascale COLE
juin 2006
Professeur de Psychologie Cognitive, Université de Savoie, Laboratoire de Psychologie et Neurocognition (U.M.R. 5105, C.N.R.S.)

RESUME DE SON INTERVENTION (*)
La dyslexie développementale concerne environ 5% de la population (Sprenger-Charolles et Colé, 2003) et se caractérise par une lecture lente et laborieuse, entachée par de nombreuses erreurs et provoquée par une difficulté sévère et particulière à identifier les mots écrits. Plusieurs hypothèses ont été proposées pour expliquer cette déficience dans l’identification des mots écrits mais celle qui est privilégiée actuellement, l’hypothèse « phonologique », suggère que les dyslexiques, pour une raison non encore élucidée, présenteraient des déficits dans le traitement et l’identification des sons de la langue. Ce déficit phonologique peut passer inaperçu pendant les premières années de vie mais se révèle systématiquement lorsque ceux-ci doivent apprendre à lire. Ces déficits dans le traitement des sons de la langue peuvent être extrêmement subtils et l’on peut comprendre pourquoi certaines formes de remédiation basées sur un entraînement phonologique pour tenter de compenser ce déficit n’offrent pas toujours les résultats escomptés. De nouvelles formes de remédiation doivent donc être envisagées et de ce point de vue, l’utilisation de la dimension morphologique de la langue peut offrir une solution intéressante.
L’objectif principal de cette intervention sera d’exposer les résultats d’un entraînement morphologique (effectué à l’oral et à l’écrit) conduit auprès de 49 collégiens dyslexiques et qui suggèrent que des remédiations de la lecture dont le principe vise l’identification des unités de sens que constituent les morphèmes des mots devraient être développées. On présentera également des données qui montrent la pertinence de ce type d’entraînement qui développe des stratégies de lecture compensatoires en sollicitant les connaissances linguistiques préservées du lecteur dyslexique. En effet, des recherches ont montré, d’une part, que l’enfant dyslexique aurait développé des connaissances morphologiques relativement préservées contrairement à ce que l’on observe pour les connaissances phonologiques (Casalis, Colé & Sopo, 2004) et, d’autre part, que la lecture de l’adolescent et de l’adulte diagnostiqué dyslexique développemental est facilitée par l’utilisation d’unités morphémiques (Elbro et Arnbak, 1996 ; Colé, Leuwers & Sprenger-Charolles, 2005).

(*)Conçue avec Séverine Casalis Maître de Conférences de Psychologie, Université Charles de Gaulle - Lille 3, Laboratoire URECA (EA 1059).


BIBLIOGRAPHIE
Casalis, S., Colé, P., & Sopo, D. (2004). Morphological awareness in developmentaldyslexia. Annals of Dyslexia, 54(1), 114-138.

Elbro, C., & Arnbak, E. (1996). The role of morpheme recognition and morphological awareness in dyslexia. Annals of dyslexia, 46(209-238).

Colé, P. Leuwers, C. & Sprenger-Charolles, L. (2005). Morphologically-based compensatory reading strategy in Adult dyslexics. ESCOP Conference, Leiden, August-September, 30-3rd.

Sprenger-Charolles, L. & Colé, P. ( 2003). Lecture et dyslexie : Approche cognitive - Paris : Dunod.
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