Manifestation organisée tous les 2 ans
par l'Association des Psychologues de l'Éducation Nationale de la Vienne (ADPEN-86)
en partenariat avec l'Université de Poitiers

Scolarisation des enfants sourds dans une perspective bilingue de la maternelle au lycée : inclusion et immersion

Equipe du Service d’Education Bilingue (Poitiers)
Juin 2008
Michel LAMOTHE – Directeur
Pascal COURTIN – Co-enseignant sourd
Christophe TOUCHAIS – père d’un enfant sourd
Catherine TEXIER – enseignante

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Rencontres Poitevines de Psychologie Scolaire (7ème édition) - Scolarisation des enfants sourds dans une perspective bilingue de la maternelle au lycée
Intervenant(s) : Stéphanie Papin. Pascal Courtin. Catherine Texier. Christophe Touchais.
Date de publication : 27/06/2008
Durée : 01h 15min 57s

Le service d’éducation bilingue pour enfants sourds (SEB) est géré par l’Association « Deux Langues pour une Education » créée en 1980.
Cette association composée de parents d’enfants sourds, de professionnels de la surdité, de personnalités sourdes, propose une politique de scolarisation des enfants sourds en milieu ordinaire de l’Education Nationale, en opposition avec l’institutionnalisation, héritage des confessionnels, gérée par le médico-social depuis la loi de 1975.

  • Les postulats sur lesquels s’appuie cette perspective ont été clairement énoncés dès la création de l’association.
  • L’enfant sourd est d’abord un enfant (et non point un malade). L’enfant sourd a droit à une scolarisation (et non pas seulement à une rééducation).
  • L’enfant sourd peut bénéficier dès son plus jeune âge d’un système linguistique lui permettant de communiquer : la langue des signes.

Ainsi sera créé une « classe bilingue » en 1984 à l’école maternelle Paul Fort à Poitiers. Reconnue plus tard comme « expérimentale » elle permettra un agrément du service actuel en SSEFISS (Service de Soutien à l’Education Familiale et à l’Intégration Scolaire) appelé SEB.

Les années 80 seront des années de « lutte » pour défendre le concept de « bilinguisme » pour ces enfants en opposition avec les partisans d’une vision médicale de la surdité et d’une rééducation exclusive de la parole. Un article de Loi (Article 33 de la loi n°91-73 du 18 Janvier 1991) justifiera cette perspective en Janvier 1991 en permettant la liberté de choix des parents :

« Dans l’éducation des jeunes sourds la liberté de choix entre une communication bilingue – langue des signes et français – et une communication orale est de droit. Un décret en Conseil d’Etat fixera d’une part les conditions d’exercice de ce choix pour les jeunes sourds et leurs familles, d’autre part les dispositions à prendre par les établissements et services où est assurée l’éducation des jeunes sourds pour garantir l’application de ce choix ».

Malgré les décrets (1992) et circulaires (1993), les structures du médico-social ne se développeront pas dans ce sens. Des quelques expériences créées par l’Association 2LPE, quelques-unes survivront aux difficultés administratives, financières… ainsi Poitiers, Toulouse, Champs s/Marne, Bayonne.
Malgré le statut de « langue » reconnu à la langue des signes par cet article de loi, par le ministère de la culture, par les universitaires,… aucune perspective de scolarisation bilingue ne sera créée depuis 1986.

La Loi n°2005-102 du 11 Février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapés accorde sans ambiguïté à la langue des signes un statut officiel :

Art. L112 -2-2 : « Dans l’éducation et le parcours scolaire des jeunes sourds, la liberté de choix entre une communication bilingue, langue des signes et langue française, et une communication en langue française est de droit. Un décret en Conseil d’Etat fixe, d’une part, les conditions d’exercice de ce choix pour les jeunes sourds et leur famille, d’autre part, les dispositions à prendre par les établissements et services où est assurée l’éducation des jeunes sourds pour garantir l’application de ce choix »
Art. L312-9-1 : « La langue des signes française est reconnue comme une langue à part entière. Tout élève concerné doit pouvoir recevoir un enseignement de la langue des signes française. Le Conseil Supérieur de l’Education veille à favoriser son enseignement. Il est tenu régulièrement informé des conditions d’évaluation. Elle peut être choisie comme épreuve optionnelle aux examens et concours, y compris ceux de la formation professionnelle. Sa diffusion dans l’administration est facilitée ».

De plus cette loi, transfère l’article 33 de Janvier 1991, au code de l’éducation Art.112-2 et la scolarisation des enfants sourds (plus généralement des enfants handicapés) au ministère de l’Education Nationale.
Le Décret n°2006-509 du 3 Mai 2006 relatif à l’éducation et au parcours scolaire des jeunes sourds reprend l’essentiel de cette perspective.
Il fixe désormais le cadre légal au projet que notre association « porte à bout de bras » et par militantisme depuis 27 ans !
A l’heure actuelle (Année 2007/2008) 31 élèves sourds sont accompagnés dans les établissements publics de Poitiers et de la Région de la maternelle au BTS selon ce cadre légal.
Dans le cadre de ce colloque, nous développerons quelques points historiques très significatifs ayant construit les représentations et les dispositifs ; nous développerons le point de vue des parents et expliciterons le projet pédagogique bilingue réalisé par des enseignants à la fois de notre service bilingue et de l’Education Nationale

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