Itinéraire d’un enfant exceptionnel
Le psychologue, la norme et l’idéal : neurodiversité versus subjectivation, enfant handicapé versus enfant augmenté
Catherine WEISMANN ARCACHE
Psychologue clinicienne, Maître de Conférences HDR en Psychologie Clinique et Psychopathologie, Responsable équipe Traumatismes Individuels et Familiaux, Laboratoire Psy-Nca (EA 4700), CoResponsable D.U. Travail avec les Familles, Université de Rouen
À partir de notre clinique du haut potentiel intellectuel, que nous considérons comme une des figure de l’enfant idéalisé, nous proposons d’aborder les représentations contemporaines de l’enfant. Les mutations socio-historiques transforment profondément les cadres métasociaux et métapsychiques dans la société hypermoderne (Kaës, 2012), favorisant le sentiment d’’insécurité et de frustration, avec pour contre-partie l’hyperinvestissement de l’enfant et l’idéalisation de son devenir.
Le Haut Potentiel Intellectuel n’étant pas une entité nosographique et couvrant toute une gamme de la norme au pathologique, nos travaux se sont naturellement infléchis vers des sujets «porteurs» de potentialités surdéveloppées dans certains domaines, associés à des troubles ou déficits dans d’autres: le syndrome d’Asperger, le haut potentiel intellectuel, la dyspraxie et autres troubles dys, sont des diagnostics aujourd’hui démultipliés par le concept de comorbidité… Handicapés et/ou surdoués, ces enfants sont actuellement considérés comme « exceptionnels», dans un processus d’idéalisation qui contre-investit la défaillance, voire le déficit.
La référence au développement et «la visée d’une réintégration psychique» (Misès 2011) sont balayées par l’extension de la catégorie «handicap» qui tend à supplanter la perspective psychopathologique, réinstaurant des clivages entre éducation et soin, malgré les bonnes intentions des lois portant sur le handicap et l’inclusion. L’argument de la neurodiversité ne risque-t-il pas de masquer les souffrances psychiques, et d’instrumentaliser le psychologue «neurotypique» ou «normo-cognitif»? L’usage extensif de l’ordinateur à l’école pour enfants dyspraxiques, est une des réponses prothétiques qui ne répondent en rien à la problématique psychique exprimée et dénient l’évolutivité, traitant l’enfant comme un adulte, un humain «augmenté». Nous retracerons l’itinéraire fictif d’un de ces enfants exceptionnels pour illustrer notre propos.
Catherine Weismann Arcache |
Bibliographie :
Ouvrages et chapitres
- Weismann-Arcache C. (2014) La dyspraxie. Dans J.Y. Chagnon (dir.) Approche clinique des troubles instrumentaux. Paris : Dunod, 167-217
- Weismann-Arcache C. (2014) Commentaire du texte de R. Debray « L’examen psychologique de l’enfant à la période de latence ». Dans Chagnon J.Y. (dir.) Les textes fondamentaux de la psychologie clinique. Paris : Dunod
- Weismann-Arcache C. (2014) Commentaire du texte de J. Guillaumin, « Une définition de l’examen psychologique ». Dans Chagnon J.Y. (dir.) Les textes fondamentaux de la psychologie clinique. Paris : Dunod
- Weismann-Arcache C. (2014) Tic, TOC, TCA, clinique des troubles d’apparence obsessionnelle. Dans M. Emmanuelli (dir.), Les troubles du registre obsessionnel chez l’enfant et l’adolescent : quelle organisation psychique ? Paris : Érès, 18-33
- Weismann-Arcache, C. (2012) Sublimation chez l’enfant et éducation. La sublimation selon les âges de la vie. Dans S. de Mijolla-Mellor (dir.), Traité de la Sublimation. Paris : PUF, 250-270
- Weismann-Arcache, C., (2012) Commentaire « Mises M., Révision des concepts d’arriération et de débilité mentale » Dans J.Y.Chagnon (dir.), 45 Commentaires de Textes en psychopathologie psychanalytique (p.254-263). Paris : Dunod.
- Weismann-Arcache, C. (2009). Les surdoués, du bébé à l’adolescent. Les destins de l’intelligence. Collection Naître, Grandir, Devenir. Paris : Belin.
- Bellevergue S., Weismann-Arcache C. (2015, In Press). Pratique du psychologue clinicien dans une MDPH : du puzzle institutionnel à la subjectivation de l’enfant. Neuropsychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent. 63 (2015), 362-367
- Weismann-Arcache C. (2014). De la clinique des apprentissages à l’apprentissage de la clinique avec Rosine Debray. Psychologie clinique et Projective, 2014/1 n° 20, p. 199-211
- Weismann-Arcache C. (2014). La communication handicapée : les enfants surdoués et les enfants autistes ont-ils encore un corps ? L’autre n’est pas une donnée. Altérités, corps et artefacts. Hermès, La Revue, N°68, CNRS Éditions, 82-88.
- Weismann-Arcache C.(2013) « Parents tardifs, enfant précoce ? » Assistance médicale à la procréation et haut potentiel intellectuel. Psychiatrie de l’enfant, 56(2) 467-484 PUF
- Weismann-Arcache, C. (2013). Les mauvaises graines. Retentissement des problématiques d’infertilité sur le jeu des identifications croisées parents/enfants. La solitude des parents « auto-entrepreneurs », Dialogue,199, 33-41.
- Weismann-Arcache C. (2010). La dyspraxie, un objet neuroscientifique pour la psychanalyse. Neuropsychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, 58, 391–397
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